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Milieux forestiers

Les forêts se caractérisent par un couvert arboré dominant. Ces milieux sont particulièrement complexes car ils accueillent une grande diversité et une abondance de plantes, d’animaux, de champignons et de bactéries liés entre eux et avec les sols et le climat. La présence de mares, d’étangs, de cours d’eau ou encore de landes contribue à la richesse biologique des milieux forestiers. Les forêts présentent des conditions écologiques très variées, aussi bien à l’échelle du massif (sous-bois, clairières…) qu’à l’échelle d’un seul arbre.

La diversité écologique d’une forêt dépendent de multiples facteurs comme la composition et la structure des peuplements d’arbres (âges des arbres, diversité des strates, futaie ou taillis…), l’abondance de bois morts et la diversité de micro-habitats, qui sont eux-mêmes liés à l’histoire des événements climatiques et des activités humaines (incendies, tempêtes, défrichements, plantations…), au mode de gestion (forêt en libre évolution, exploitation sylvicole, agroforesterie…) et aux usages (cueillette de champignons, VTT, chasse…).

Où en Nouvelle-Aquitaine ?

Les forêts des plateaux du Haut-Limousin forment un croissant, qui part des Monts de Blond et d’Ambazac (Charente, Haute-Vienne) et se termine au sud-est de la Corrèze. Elles recouvrent en partie les reliefs du plateau de Millevaches, entre 600 et 900 mètres d’altitude. Les deux tiers de ces forêts sont composés de feuillus (chênes, châtaigniers ou hêtres). Des forêts de résineux (douglas, épicéas, pins sylvestres…) ont été plantées dans les années 1950-1970 et sont en extension depuis cette période.

Le massif landais s’étend sur plus d’un million d’hectares, formant un vaste triangle entre les départements de la Gironde, des Landes et du Lot-et-Garonne. Plus grand massif d’Europe, il est essentiellement composé à 85% de pins maritimes, pour la plupart issus de plantations au 19ème siècle. Le Pin maritime est aussi présent sur les sols acides de la Double et du Landais (ouest de la Dordogne), ainsi qu’au sud de la Charente. Dans les fonds de vallées et sur le littoral subsistent des boisements naturels de feuillus d’une grande richesse écologique.

Des forêts de feuillus (chênes, hêtres, châtaigniers…), parfois isolées et relictuelles, sont présentes dans les plaines de Dordogne et du Lot-et-Garonne et en Poitou et Saintonge.

Les forêts pyrénéennes sont très variées et étagées en fonction de l’altitude. La forêt d’Iraty, qui s’étend sur 17300 hectares de part et d’autre de la frontière franco-espagnole (Soule, Basse-Navarre et Navarre espagnole), est la plus grande hêtraie d’Europe.

Dans les plaines alluviales des rivières et des fleuves comme la Boutonne, la Charente, la Garonne, l’Adour et la Dordogne ont été plantées des peupleraies qui côtoient des forêts alluviales d’un grand intérêt écologique.

Habitats et espèces

Outre les forêts cultivées, une trentaine de types de forêts naturelles a été identifiée à ce jour dans la région: saulaies marécageuses, forêts dunaires de chênes verts ou de chênes lièges, érablaies de pentes et de ravins, chênaies à flore méditerranéenne des coteaux et plateaux calcaires… Les forêts qui sont situées en limite d’aire de répartition ou qui occupent de faibles superficies constituent des enjeux de conservation majeurs sur le territoire. Il s’agit principalement des hêtraies de plaines, des forêts alluviales, des forêts tourbeuses et de certaines forêts dunaires (CBNSA).

De la cime des arbres aux racines, les conditions écologiques varient (lumière par exemple), influençant la végétation. On distingue plusieurs strates : la strate arborescente (chêne, hêtre, pin…), la strate arbustive (aubépine, cornouiller, sureau…), la strate herbacée (fougères, plantes à fleurs…), la strate muscinale (mousses, champignons, lichens) et la strate souterraine, réservoir d’une très grande biodiversité essentielle aux espèces de surface. Dans les sols forestiers, de nombreux processus biologiques et physico-chimiques sont à l’œuvre, contribuant au fonctionnement des écosystèmes (décomposition de la matière organique, échanges de nutriments au niveau des racines…), à la séquestration du carbone, à l’épuration de l’eau…

La richesse biologique d’une forêt est liée au nombre et à la diversité des micro-habitats, c’est-à-dire les cavités d’arbres, les arbres morts debout ou encore le bois mort au sol. Tous ces micro-habitats bénéficient aux espèces saproxyliques, qui vivent dans le bois en décomposition.

Les habitats paraforestiers désignent les habitats de transition entre une végétation forestière et une végétation arbustive et/ou herbacée : fourrés, landes, pré-bois, coupes, lisières, clairières… Ce sont des écotones, présentant une grande diversité animale et végétale.

Les milieux forestiers de Nouvelle-Aquitaine peuvent héberger une très grande diversité d’espèces : champignons, mousses et lichens largement méconnus, fougères (Osmonde royale) et autres plantes vasculaires, mollusques, coléoptères saproxyliques dépendant du bois mort ou mourant (Rosalie des Alpes, Lucane cerf-volant), oiseaux (Pic noir, Chouette de Tengmalm, Circaète Jean-le-Blanc), chauves-souris (Murin de Bechstein, Oreillard roux), papillons (Thécla du chêne), mammifères (Cerf élaphe, Martre des pins), reptiles (Salamandre tachetée)…. De nombreuses espèces composent la biodiversité des sols forestiers : lombrics, collemboles, mycorhizes…

Parmi les espèces patrimoniales, le Carabe d’Ispagnac est un coléoptère rare dans la région, présent dans les forêts de feuillus de Corrèze et de Charente-Maritime. L’Epipactis à fleurs pendantes est une orchidée rare en France, présente dans les pinèdes littorales et insulaires de Charente-Maritime. La Dichélyme chevelue est une mousse très rare en Europe, se développant sur l’écorce des arbres des forêts alluviales du val de l’Eyre. Par ailleurs, les forêts néo-aquitaines concentrent la plupart des populations françaises de Chêne tauzin.

 


Les forêts les plus anciennes présentant un grand nombre d’arbres âgés, de bois à différents stades de décomposition et divers micro-habitats sont des milieux de haut intérêt écologique, caractérisés par une richesse des coléoptères saproxyliques, mousses, lichens et champignons et une importante biomasse microbienne essentielle à la qualité des sols. Le programme régional « Forêts anciennes et vieilles forêts » porté par le CBNSA et l’IGN vise à identifier et caractériser ces forêts en Nouvelle-Aquitaine.