Entretien avec Robert Offredo, secrétaire général des Caves de Rauzan
Dans le but de faire découvrir la faune et la flore présentes autour de leurs parcelles viticoles, les Caves de Rauzan ont conçu deux parcours pédestres en 2017. Ces circuits pédagogiques traversent douze écosystèmes différents décrits au travers de pupitres d’explication, sur des distances de 1.3 et 4 km.
Des inventaires et des suivis d’espèces ont été effectués par le Conservatoire des Espaces Naturels (CEN) Aquitaine pour définir les tracés et pour analyser les interactions entre le milieu naturel et la culture de la vigne. Ce projet marque davantage l’implication des Caves de Rauzan dans des démarches environnementales.
1) Pouvez-vous nous rappeler en quelques mots l’historique de votre initiative ?
L’organisation des Caves de Rauzan décida, en 2009, de s’engager collectivement vers une démarche de développement durable. En 2017, la démarche responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est renouvelée. C’est dans ce cadre-là que la structure a également inauguré en 2017 deux parcours pédestres à travers le vignoble. Les panneaux sont à destination des viticulteurs et du grand public. Ces installations permettent de mettre en valeur la biodiversité locale. L’ensemble fait 5,3 kilomètres de long sur 82 hectares dont une majorité de vignes, regroupe une douzaine d’écosystèmes et compte une centaine d’espèces floristiques et faunistiques d’ores et déjà identifiées. Initialement, les inventaires faunistiques et floristiques ont été réalisés avec la contribution du CEN Aquitaine afin de définir les parcours. La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) est devenue partenaire et des intervenants de l’association animent les balades avec les scolaires. Le grand public accède au parcours gratuitement en s’adressant tout d’abord à la structure dont l’équipe oriente les visiteurs vers la balade.
2) Quelles ont été les différentes étapes nécessaires à la construction du projet ?
Tout d’abord, une enquête a été réalisée auprès des viticulteurs afin de connaître leur opinion et leurs avis par rapport à ce projet. Il était indispensable pour la structure de recevoir leurs accord puisque le parcours est installé sur leurs propriétés. Celui-ci a été reçu positivement avec des engagements forts de la part des viticulteurs. Ensuite la LPO est intervenue afin de poser des gîtes à chauve-souris ainsi que des nichoirs. Les panneaux ont été construits par un autre partenaire, Pic bois, concepteur et fabricant de signalétique touristique. La mise en place du parcours a été plutôt rapide, une fois les financements réunis. Nous avons l’ambition d’allonger de deux kilomètres le parcours et d’y installer un observatoire. De plus un ou deux autres parcours vont également être installés à quelques kilomètres du premier.
3) Avez-vous rencontré des difficultés particulières lors du déroulement de ce projet ?
Oui, plutôt d’ordre administratives lors de la recherche de subvention. Malgré la bonne volonté de tous les acteurs, cela a été assez long avec le Conseil Régional car il n’y avait pas d’appel à projet correspondant exactement à cette initiative. Mise à part cela, il n’y a pas eu d’autres soucis.
4) Quelles sont vos principales satisfactions liées au projet ?
C’est avant tout la participation et l’engagement des personnes. Cela a permis de développer davantage la prise en compte de la biodiversité au sein des vignobles. Je remarque que de plus en plus de viticulteurs changent complètement leurs pratiques.
Depuis la mise en place des gîtes à chauve-souris et des nichoirs, nous avons pu remarquer que la biodiversité s’y est installée petit à petit et que les espèces y sont présentes actuellement.
5) Réalisez-vous des suivis de ces espèces ?
Pas de manière régulière. Nous avons réalisé un inventaire conséquent au début de l’initiative avec nos partenaires. Mais c’est une démarche onéreuse et elle ne constitue pas notre cœur de mission.
6) Selon vous, cette opération pourrait-elle être reproduite dans d’autres territoires ?
Oui mais pour cela, il est nécessaire qu’il y ait une structure porteuse, proche des viticulteurs, afin de pouvoir les coordonner et les lier de manière durable. Je suis tout à fait enthousiaste à l’idée de partager directement mon expérience avec toute personne qui souhaitera discuter de points plus particuliers.
En 1933, une poignée de vignerons rauzannais bâtirent un « chai commun » qui allait devenir, 70 ans plus tard, la première unité de vinification de France en vins d’Appellation d’origine contrôlée.
En 1936, les viticulteurs des communes environnantes de Romagne se regroupent et créent la Cave Coopérative de Grangeneuve. Et en 1937 la cave de Nérigean est fondée. C’est dans cette optique que le 1er février 2008, l’Union de Producteurs de Rauzan et la Cave Coopérative de Grangeneuve ont uni leurs forces. Puis en 2016, la cave de Nérigean a rejoint Les Caves de Rauzan.
Cette entité représente plus de 3 500 hectares de vignes au cœur du vignoble bordelais, et regroupe près de 340 coopérateurs. Elle produit chaque année environ 200 000 hl de vin d’Appellation d’Origine Contrôlée : Bordeaux Supérieur, Bordeaux (blanc, rosé et rouge), Entre-Deux-Mers et Crémant de Bordeaux.
Pour aller plus loin :
- Répertoire d’initiatives régionales et de retours d’expériences
- Fiche initiative des Caves de Rauzan
Si vous le souhaitez, vous pouvez à votre tour faire connaître une ou des initiatives en téléchargeant la note explicative et en envoyant votre proposition via le formulaire en ligne. L’Agence étudiera les textes au regard de critères d’éligibilité et vous accompagnera dans leur finalisation.