La disponibilité de la ressource
Pour satisfaire les usages domestiques, les besoins des activités industrielles et agricoles, ainsi que la production d’énergie, des prélèvements sont effectués dans les eaux de surface et souterraines.
Une grande diversité et richesse des ressources en eau réparties inégalement sur le territoire …
La région Nouvelle-Aquitaine, « terre des eaux mêlées », se caractérise par la présence de différents types de ressources en eau (cours d’eau, nappes superficielles et profondes, étangs, zones humides, …), réparties « inégalement » sur le territoire, en fonction des types de sols, sous-sols (zones de bassin, de massifs…), du relief, du climat, etc. Elle possède également une façade littorale stratégique à titre économique comme écologique. Ainsi s’y matérialisent des zones « têtes de bassin », des exutoires (en particulier toute la façade littorale), des secteurs où l’eau souterraine est plus ou moins disponible et mobilisable.
Lié à sa géomorphologie, la région se caractérise par un réseau hydrographique dense (74 000 km de cours d’eau), particulièrement ramifié sur les zones de socle des massifs Armoricain (au Nord-Ouest, côté Poitou-Charentes), Central (à l’Ouest, côté Limousin) et Pyrénéen (au Sud, côté Aquitaine), où les terrains imperméables rencontrés favorisent l’écoulement de surface par rapport à l’infiltration. Les rivières issues de ces massifs peuvent présenter un régime torrentiel aux crues soudaines.
Ailleurs, le régime des cours d’eau est essentiellement de type pluvial océanique, caractérisé par des hautes eaux hivernales et des basses eaux estivales. À l’Est, sur le Limousin, le réseau hydrographique est parcellé de très nombreux plans d’eau (plus de 16 000 d’une surface supérieure à 1 000 m2), étangs (près de 26 000), et lacs (naturels et artificiels), dont notamment Vassivière ou Bort-les-Orgues. Les têtes de bassin versant présentent de nombreuses zones humides, contribuant fortement au ralentissement des écoulements et ainsi à la richesse de la biodiversité régionale.
À l’Ouest, de nombreux marais littoraux sont présents de part et d’autre de l’estuaire de la Gironde, on y retrouve aussi une partie du marais poitevin (2ème zone humide de France), tandis que le littoral aquitain est caractérisé par la présence d’étangs d’arrière-dune typiques (Carcans-Hourtin, Lacanau, Cazaux-Sanguinet, etc.).
À l’instar des cours d’eau, d’abondantes ressources en eaux souterraines sont présentes dans la région, de types variés (aquifères libres ou captifs, sédimentaires, alluvionnaires, des socles, karstiques, …) suivant les secteurs : le domaine sédimentaire (bassins parisien et aquitain), le domaine de socle du Massif central et le domaine pyrénéen. Le seuil du Poitou désigne la limite séparant le bassin parisien du bassin aquitain, les aquifères y sont composés de formations sédimentaires.
À l’Ouest, du pied des Pyrénées jusqu’au Nord de la région, il existe des aquifères captifs (protégés de la surface par des terrains imperméables) dans les couches profondes des deux grands bassins sédimentaires. Ils renferment généralement des eaux de bonne qualité, utilisées majoritairement pour l’eau potable, mais également pour l’agriculture, voire l’industrie dans une moindre mesure.
Certaines de ces nappes sont fortement exploitées et nécessitent une réorganisation des prélèvements, trop concentrés dans certains secteurs, comme par exemple l’Eocène dans la zone bordelaise. Un dispositif de gestion concertée pour ces 3 systèmes de nappes captives devrait être mis en place par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne d’ici 2021 : l’Eocène, Jurassique et Crétacé du Périgord Agenais, à l’Est, les Sables infra-molassiques au Sud, et l’Infra-Toarcien Nord Aquitain au Nord. En bordure du bassin aquitain, les nappes deviennent libres, et donc plus vulnérables aux aléas climatiques et aux pollutions.
Les nappes alluviales des grands cours d’eau comme la Garonne ou l’Adour sont majoritairement utilisées pour des prélèvements agricoles. Les captages pour l’alimentation en eau potable y sont pour la plupart abandonnés, car très vulnérables aux pollutions multiples (activités agricoles, zones urbaines, voies de communication).
Dans les domaines pyrénéens et socle du Massif Central, les ressources en eau souterraine sont très inégalement réparties et généralement assez peu importantes sauf localement au niveau des formations calcaires karstiques.
… et dans le temps
La coïncidence des étiages (périodes de plus basses eaux des rivières et des nappes) avec l’accroissement des besoins en eau en cette période (irrigation agricole et usages domestiques en particulier) suscite des déséquilibres structurels (déficit chronique de la quantité d’eau). Or, il s’avère que ces sollicitations excèdent, dans de nombreux secteurs, ce que le milieu peut fournir.
En effet, la pression exercée par les différents usages sur la ressource en eau est d’autant plus marquée qu’elle intervient au moment où elle est à son plus bas niveau, et qu’elle s’étale sur une période de plus en plus longue (avril à septembre lorsque les premiers besoins ne sont plus automatiquement servis par les pluies).
Cette forte demande coïncide également avec une sollicitation importante d’eau potable lors de la période touristique, notamment sur le littoral. En effet, de par son attrait touristique, la population des zones balnéaires augmente considérablement en été, ce qui accroit également la pression sur les ressources en eau en période estivale. La Nouvelle-Aquitaine ne fait pas exception à la règle, elle se place au 1er rang des régions françaises pour les nuitées des résidents français et en 5ème position pour les clientèles internationales. (CRT, 2017)
Ainsi les ¾ de la région, principalement les territoires picto-charentais et aquitain (le Limousin n’est presque pas concerné), ont été classés en Zones de Répartitions des Eaux, zones caractérisées par une insuffisance chronique des ressources en eaux par rapport aux besoins (article R.211-71 du code de l’environnement). Malgré leur classement en ZRE depuis 2003, certains bassins connaissent encore des déficits chroniques.
L’objectif de gestion équilibrée, visé par la loi sur l’eau inscrite dans le Code de l’Environnement (article L211-1) et par la Directive Cadre sur l’Eau (D.C.E.), n’est donc pas atteint aujourd’hui en région.
Afin de suivre le respect de cet objectif de gestion équilibrée, les Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE), définissent des objectifs (valeurs-seuils) à respecter sur plusieurs stations de mesure de la région, aussi appelées points nodaux. Ces points sont des stations de suivi du débit des cours d’eau, du niveau des nappes, ou du niveau des biefs (Marais Poitevin) donnant une vue synthétique de l’état d’un bassin versant. L’objectif défini aux points nodaux pour s’assurer d’une gestion équilibrée de la ressource est le DOE (Débit Objectif d’Etiage) pour les cours d’eau et le POE (Piézométrie Objectif d’Etiage) pour les nappes.
En Nouvelle-Aquitaine, le franchissement chaque année du DOE sur plusieurs points nodaux, illustre l’incapacité actuelle à satisfaire les demandes associées aux différents usages.
Zoom sur
En Limousin, les étangs constituent une composante majeure du paysage. Ils appartiennent à la culture locale, jouent un rôle social réel et représentent une forte activité économique : commerce du poisson, location des étangs à des fins piscicoles ou cynégétiques, valorisation halieutique, valorisation touristique, entretien des étangs, abreuvage du bétail, gestion des incendies. Cette densité d’étangs présente cependant des risques pour les cours d’eau : altération ou disparition de zones humides, accentuation de l’évaporation, modification de l’équilibre biologique, piège à sédiments et à nutriments, problématiques d’eutrophisation et de cyanobactéries, libre circulation des poissons entravée, etc.
La présence de ces nombreux plans d’eau en Limousin et leur impact sur les milieux aquatiques a entraîné le déclassement au titre de la Directive cadre sur l’eau de la majorité des cours d’eau d’un point de vue de l’hydro-morphologie.
Chiffres clés
74 000 km de cours d’eau en Nouvelle-Aquitaine, soit environ 17 % du linéaire français (RPDE)
75% du territoire régional classé en Zones de Répartitions des Eaux