La qualité de la ressource
La qualité de l’eau est déterminée pour l’eau brute dans le milieu naturel, et pour les eaux destinées à certains usages, à partir de relevés de concentrations en différentes substances physico-chimiques ou en éléments biologiques qui la composent, au regard de concentrations de référence, établies en fonction des usages.
Les sources de pollution influant sur la qualité de l’eau
L’eau à l’état naturel (eau brute), superficielle ou souterraine, contient différents éléments :
- Des matières dissoutes provenant des terrains traversés (calcium, magnésium, sodium, potassium, bicarbonates, sulfates, chlorures, métaux lourds, …)
- Des particules d’argiles en suspension qui forment une surface susceptible d’attirer et de fixer des bactéries et des molécules diverses,
- Des bactéries : dans les eaux superficielles, sous l’effet du soleil, de l’oxygène ou de la chaleur, une prolifération bactérienne ou algale peut se développer.
- Des matières organiques provenant du cycle de décomposition des végétaux et des animaux.
Les origines de la pollution des eaux sont variées et intimement liées aux activités humaines : pollutions domestiques, industrielles et agricoles. Ces trois grandes sources de pollution sont responsables de l’introduction de polluant dans l’eau et les milieux naturels.
Le plus souvent, les eaux polluées sont traitées par des systèmes d’épuration pour les rendre « aptes » à être rejetées dans les milieux aquatiques.
Les ménages produisent des pollutions liquides (eaux usées) qui peuvent faire l’objet soit d’un traitement autonome individuel (pour les habitations individuelles non raccordées à un réseau public), soit d’une collecte et d’un traitement collectif en station d’épuration.
Les rejets industriels sont des émissions de substances dans l’eau, l’air ou le sol, faisant l’objet de réglementations spécifiques.
Même si des rejets ponctuels existent (bâtiments d’élevage, déversements accidentels de produits dans les fossés, etc.), les pollutions agricoles ont pour principale origine des émissions diffuses (épandage d’engrais ou de pesticides), c’est à dire qu’il n’y a pas un point de rejet direct dans le milieu aquatique, où il serait possible de mesurer la pollution produite.
Lorsque des changements d’équilibre physique se produisent dans l’eau, liés par exemple à une augmentation des prélèvements en eau entraînant des dépressions ponctuelles ou permanentes, les équilibres chimiques peuvent se modifier également et la dissolution d’éléments indésirables dans l’eau s’accentuer. Certaines eaux peuvent ainsi devenir de plus en plus chargées en éléments indésirables, jusqu’à devenir inexploitables pour l’eau potable, en l’état actuel des normes en vigueur.
La qualité de l’eau en Nouvelle-Aquitaine
En Nouvelle-Aquitaine, près de 36 500 km2 sont classés en zones vulnérables aux nitrates fin 2018, soit environ 43% de la superficie totale régionale (255 990 km² en France en 2012, soit 47% de la superficie du territoire métropolitain). Le Nord de la région, principalement Poitou-Charentes, est particulièrement concerné. La partie Sud, située sur le bassin Adour-Garonne, l’est également, mais de manière plus éparse. À noter que l’Est de la région n’a que très peu de zones vulnérables. Les perturbations rencontrées sur ce territoire sont plutôt liées à la présence de nombreux barrages et étangs (induisant des modifications hydrologiques ou morphologiques pouvant altérer la qualité des milieux aquatiques), à l’eutrophisation des plans d’eau, à des pollutions industrielles ponctuelles…
DEFINITION
Une zone vulnérable, définie par la Directive Européenne n°91-676, est une partie du territoire où la pollution des eaux par le rejet direct ou indirect de nitrates d’origine agricole ou d’autres composés azotés susceptibles de se transformer en nitrates, menace à court terme la qualité des milieux aquatiques (eaux des estuaires, eaux côtières ou marines et eaux douces superficielles qui ont subi ou montrent une tendance à l’eutrophisation susceptible d’être combattue de manière efficace par une réduction des apports en azote) et plus particulièrement l’alimentation en eau potable (risque d’avoir une teneur en nitrates supérieure à 50 mg/L empêchant son utilisation pour la production d’eau potable).
En déclinaison à la directive européenne 91/271/CEE du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux résiduaires urbaines, chaque Etat membre a désigné des Zones Sensibles, où une élimination plus poussée des paramètres Azote et/ ou Phosphore (par les stations d’épuration des eaux) est nécessaire pour lutter contre les phénomènes d’eutrophisation.
Le Nord de la région est principalement concerné (Poitou-Charentes ainsi que la partie Nord du Limousin –départements Haute Vienne et Creuse-), puis dans la partie Sud des secteurs comme le bassin de l’Isle, les lacs et étangs littoraux aquitains et le bassin d‘Arcachon, des affluents rive droite de la Garonne, des affluents rive gauche de l’Adour…
Enfin, une contamination assez généralisée des cours d’eau par les produits phytosanitaires est constatée, notamment sur les secteurs de quasi-monocultures (vigne, arboriculture, maïs), ou en zone péri-urbaine. Elle est observée dans les eaux de surface comme dans les eaux des nappes affleurantes du Nord et du Sud de la région.
Et au robinet, que se passe-t-il ?
En Nouvelle-Aquitaine, comme de manière globale en France, l’eau distribuée est pour plus de 95 % de la population de bonne, voire de très bonne qualité. La Nouvelle-Aquitaine a un taux de conformité microbiologique de 99,3%, au-dessus de la moyenne nationale (97,3%). En région, plus de 3000 captages prélèvent des eaux très diverses pour satisfaire l’ensemble des usages : eaux de montagne, eaux souterraines ou encore eaux de surface. Les problématiques de quantité et de qualité (bactéries, pollutions diffuses, concentration en éléments naturels comme le fer, le sélénium ou le fluor…) sont donc un enjeu fort pour garantir une eau conforme au robinet.
Les eaux de baignade : santé et tourisme
Connaître la qualité des eaux de baignade en eau de mer et en eau douce est un moyen pour prévenir tout risque pour la santé des baigneurs. Les zones de baignade de la région Nouvelle-Aquitaine sont très fréquentées chaque année, aussi bien par la population locale que par les touristes qui souhaitent bénéficier d’un environnement accueillant, préservé de la pollution et des nuisances (ARS, 2020).
En 2019, 404 sites de baignade (dont 100 en Charente-Maritime, 62 en Gironde, 61 dans les Landes, et 41 dans les Pyrénées-Atlantiques) ont été contrôlés à l’échelle régionale : 9 départements présentent 100% des sites conformes et 3 départements des sites conformes à 97% (Corrèze, Charente-Maritime, et Creuse.
Zoom sur
Si les réglementations européennes et françaises relatives à la qualité des eaux imposent de rechercher un grand nombre de substances, certaines dites « émergentes » ne sont pas encore systématiquement analysées.
Depuis plusieurs années, la question se pose par exemple sur la présence de résidus de médicaments, à l’état de traces, dans les milieux aquatiques et dans l’eau potable, ainsi que de leurs effets sur l’environnement et la santé. Or il n’existe pas actuellement de réglementation sur les normes et valeurs de référence à respecter et qualifiant l’impact et la présence des résidus de médicaments dans les eaux (contrairement à celles établies par exemple pour certains micropolluants susceptibles d’avoir une action toxique à faible dose).
Outre les produits immédiats qui peuvent être retrouvés dans l’eau, les effets des mélanges et d’interactions possibles avec d’autres polluants déjà présents dans les milieux aquatiques (par exemple chimiques ou pesticides), appelés parfois effet « cocktail », ne sont pas forcément connus. A ces différents éléments vient s’ajouter la préoccupation du renforcement de l’antibiorésistance des bactéries (résistance des bactéries aux antibiotiques) dans l’environnement, mises en contact prolongé et répété avec des résidus d’antibiotiques.
Concernant les impacts sur l’environnement il est avéré qu’il existe des perturbations endocriniennes dans les milieux aquatiques, notamment de « féminisation » de populations de poissons mâles.
Chiffres clés
Environ 43% du territoire régional classé en zones vulnérables aux nitrates
95% de l’eau distribuée à population est de bonne, voire de très bonne qualité
Plus de 400 sites de baignade contrôlés en 2019