Besoin d'un conseil

Milieux humides et stagnants

Les zones humides et les milieux d’eau stagnante (plans et points d’eau) sont des espaces où l’eau est le principal paramètre déterminant l’environnement et la vie végétale et animale associée, que cette eau soit salée, douce ou saumâtre. Ils peuvent être recouverts d’eau en permanence ou inondés seulement lors de certaines périodes. Certains milieux n’ont pas d’eau visible à la surface, mais leurs sols sont engorgés d’eau.

La Nouvelle-Aquitaine est caractérisée par une grande diversité de milieux humides :

  • les marais littoraux, arrières-littoraux et continentaux, comme le marais du Brezou en Corrèze
  • les forêts alluviales et ripisylves comme les peupleraies des plaines alluviales de la Boutonne
  • les prairies humides, présentes aussi bien en moyenne montagne que dans les vallées alluviales comme les prairies humides bocagères du marais de Clussais-la-Pommeraie dans les Deux-Sèvres
  • les roselières bordant les cours d’eau et les plans d’eau comme celles présentes sur le Domaine de Certes à Audenge en Gironde
  • les landes humides, présentes notamment dans le Parc naturel régional Périgord-Limousin
  • les tourbières, zones humides caractérisées par un sol engorgé d’eau qui empêche la décomposition de la matière organique, à l’image de la tourbière des Dauges en Haute-Vienne
  • les lacs, étangs et mares arrière-dunaires de la façade atlantique comme le lac d’Hourtin et de Carcans en Gironde
  • les lacs d’altitude comme le lac de Saint-Pardoux en Haute-Vienne
  • les lacs et étangs artificiels comme l’Étang de Courtille en Creuse.

En plus d’être des réservoirs de biodiversité, les zones humides assurent des fonctions hydrologiques majeures, dont l’épuration et la régulation des écoulements d’eau. La rétention et la sédimentation des matières en suspension dans l’eau favorisent leur transformation chimique par les microorganismes, assurant l’autoépuration de l’eau. La végétation participe à la rétention de l’eau et à son infiltration dans les sols, régulant les écoulements d’eau comme une une éponge, absorbant momentanément les excès d’eau puis en les restituant progressivement lors des périodes de sécheresse.

Supports de nombreuses activités humaines (pâturage, aquaculture, pêche, chasse…), les zones humides ont perdu un tiers de leur surface dans le monde entre 1970 et 2015 (Convention Ramsar). Leur destruction (suppression totale de zones humides) et leur dégradation (amenant à la perte d’une ou plusieurs fonctions) sont liées notamment aux drainages, remblaiements, changements d’affectation des sols… Les phénomènes climatiques comme l’assèchement ou la hausse des niveaux d’eau ou encore le recul des plages contribuent aussi à leur dégradation.

Où en Nouvelle-Aquitaine ?

Certains territoires concentrent des zones humides et des plans d’eau particulièrement intéressants d’un point de vue écologique, leur conférant une forte responsabilité en termes de conservation.

Le territoire limousin est parsemé de nombreux plans d’eau : 26 000 étangs, 2 850 tourbières, une richesse exceptionnelle en France, et quelques grands lacs artificiels comme les lacs de Vassivière et de Bort-les-Orgues. Au total, plus de 16 000 étangs et lacs ont une surface supérieure à 1000 m² sur le territoire limousin.

Les marais continentaux et littoraux représentent les zones humides les plus importantes en termes de superficie. Ils ponctuent l’ensemble de la façade atlantique et de ses estuaires, depuis le Marais  poitevin (deuxième plus grande zone humide française), en passant par les marais de Rochefort et de Brouage en Charente-Maritime jusqu’aux marais arrière-littoraux comme l’emblématique Marais d’Orx dans les Landes.

Les Landes de Gascogne présentent un chapelet de lacs, d’étangs arrière-dunaires et d’étangs continentaux entourés de forêts et de landes atlantiques humides. Les lagunes (plans d’eau douce circulaires emblématiques du territoire) sont en forte régression. Près de 2000 lagunes ont été inventoriées, dont 80% en Gironde (lagunes de Saint-Symphorien, de Saint-Magne et Louchat…).

Dans le massif pyrénéen lacs, tourbières, landes humides, marais ou encore combes à neige sont des habitats dont la faune, la flore et la fonge, adaptées aux conditions d’altitude, sont particulièrement menacées par les évolutions climatiques.

Habitats et espèces

Habitats façonnés par l’eau et ses variations saisonnières, les zones humides et les plans d’eau sont le siège d’une grande richesse biologique et de nombreuses espèces hautement patrimoniales (menacées, rares, protégées).

Les prairies humides, souvent localisées au bord des cours d’eau, accueillent par exemple la Fritillaire pintade, le Damier de la succise et l’Azuré des mouillères (papillons). Les tourbières servent d’habitat à une flore très spécifique comme la Droséra à feuilles rondes, une plante carnivore. Dans les marais, il est possible de rencontrer le Phragmite des joncs et le Hibou des marais, ou encore le Brochet quand il vient s’y reproduire. Les ripisylves accueillent des loutres d’Europe, espèce protégée depuis 1981, ainsi que de nombreux insectes inféodés aux milieux humides: Petit mars changeant, Grand capricorne… Dans les lacs, étangs et mares de la région se plaisent en particulier les amphibiens comme le Triton palmé et le Triton marbré, des reptiles à l’image de la Cistude d’Europe, une tortue d’eau douce, et des libellules dont la Leuccorhine à front blanc, une espèce très rare et fortement menacée en France.

 


Le rythme de disparition des zones humides ralentit depuis les années 1990 grâce à de nombreuses actions de préservation menées par les acteurs de la région, à l’exemple du CEN Nouvelle-Aquitaine, de la Fédération de pêche et de protection des milieux aquatiques de la Gironde et de la Fédération des chasseurs des Landes.